mardi 29 mars 2011

Sans Papiers Ni Frontière

Sans Papiers Ni Frontière

Il s'agit ici de revenir sur les événements qui se sont déroulés à Poitiers le 5 février 2011 au soir.

Au départ, un appel à la manifestation fut lancé. Celui-ci revendiquait « la liberté de circulation et d'installation pour toutes et tous » ; le cortège devait partir à 22h de la place Charles de Gaulle. Finalement, il ne partit qu'à 22h30 dans une ambiance de fête. À l'arrivée des dégradations et sept interpellations.

Bien qu'une partie de ces faits nous soient imputés, nous ne souhaitons pas les commenter. En revanche, nous, les sept inculpé-e-s, reconnaissons et assumons avoir participé à cette manifestation. Par notre présence nous souhaitions, simplement, exprimer notre rejet de la gestion des migrants et notre soutien inconditionnel à ceux qui doivent y faire face chaque jour. Il n'était donc pas question de dégrader ; cela ne correspondait pas à nos attentes. Par conséquent, nous ne sommes pas les auteurs des dégradations. Et, subséquemment, nous ne pouvons que deviner les motivations qui ont poussé à de tels actes.

Par ailleurs, notre convocation devant la justice a été rendue possible par une loi particulièrement fallacieuse : la LOI n° 2010-201 du 2 mars 2010 « renforçant la lutte contre les violences de groupes et la protection des personnes chargées d'une mission de service public ». Celle-ci rend la « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens » illégale. Autrement dit, cette loi permet d'interpeller des individus, non parce qu'ils étaient en train de commettre des délits, mais parce qu'ils manifestaient a côté de personnes qui ont, par la suite, commis des délits. De plus, même une partie de la classe politique dénonce une résurgence de la loi anti-casseurs soit une remise en cause d'un des fondements du système judiciaire français : la présomption d'innocence.

Entendons-nous bien : nous ne nions pas l'existence des dégradations commises le soir du 5 février 2011, nous pointons le ridicule de la situation. Pourquoi mettre en exergue le fait que des manifestant-e-s aient en leur possession des fumigènes, des briquets, des pétards juste après une manifestation ? Combien de syndicalistes ont fait usage de fumigènes et de pétards durant le mouvement de cet automne contre la réforme des retraites ? L'usage de ce matériel ne justifiait-il pas d'avoir un briquet sur soi ? Pourquoi s'offusquer outre mesure que nous ayons été arrêté-e-s avec des écharpes, des bonnets et des gants, alors que nous étions en plein hiver ? Pourquoi perquisitionner du matériel militant chez nous alors qu'il est complètement banal que les participant-e-s à des manifestations en aient chez eux ?

Alors pourquoi ordonner à la police la destruction du matériel dit « anarchiste » saisi chez nous ? La jeunesse engagée fait-elle trembler à ce point le pouvoir ? Croit-il avoir fabriqué une jeunesse désespérée n'ayant plus vocation qu'à verser dans le terrorisme ? S'agit-il de faire de nous des exemples, d'envoyer un message fort à ceux qui poursuivent leur ligne de fuite, qui ne se laissent pas surveiller et punir, sans réagir ? Malgré la « chasse au gauchiste » qui sévit, nous ne renoncerons pas à nos désirs d'émancipation.

Des perspectives s'offrent, encore, à nous si toutefois notre futur ne se résume pas à un monde de barreaux.

Les 7 manifestant-e-s arrêté-e-s le 5 février 2011

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